Ces derniers mois, plusieurs projets immobiliers se sont heurtés à une forte opposition de la population romande, inquiète de voir tous ces projets compromettre leur qualité de vie. Ces inquiétudes sont compréhensibles, mais il est crucial de considérer l’urgence de la situation : la Suisse fait face à une pénurie de logements qui affecte principalement les jeunes et les familles monoparentales. De plus, l’augmentation de l’espérance de vie de nos aînés appelle à la construction de logements adaptés, tandis que le besoin en main-d’œuvre dans divers secteurs clés ne cesse de croître et qu’il faut proposer des logements à cet afflux indispensable de forces vives.
Face à cette équation complexe, comment faire accepter ces projets immobiliers par la population ?
Dédiaboliser la densification
La densification est très souvent considérée comme une nuisance par le public. Or, elle est aussi une opportunité pour une urbanisation plus intelligente et plus durable. Elle évite l’étalement urbain, réduit l’empreinte carbone des villes, améliore l’efficacité des transports publics et crée des communautés plus mixtes et plus vivantes. Pourtant, malgré ces bénéfices évidents, les projets peinent à susciter de l’adhésion.
Favoriser l’acceptation, l’identification et la confiance
Au cours de notre participation à de nombreux projets immobiliers significatifs, nous avons forgé une solide expertise et identifié divers aspects cruciaux susceptibles de favoriser l’adhésion à cette indispensable croissance de l’offre immobilière. Citons notamment :
- Informer et « éduquer »
Les citoyens réclament un meilleur accès à l’information concernant le développement de leur commune. Il est primordial que les porteurs de projets et les autorités locales initient des campagnes de communication claires et éducatives dès la réflexion et les premières phases du projet. Ces campagnes doivent souligner l’intérêt public de tel ou tel développement en incluant le respect des lieux et des riverains concernés sans dénaturer l’identité d’un site, d’un village, d’un quartier ou d’une ville. La confiance se mérite et se construit. L’engagement de la communauté est une affaire collective.
- Impliquer la population
L’engagement actif des citoyens et citoyennes est désormais crucial dès le début du processus de planification et de conception des projets. Avant même l’émergence d’un plan de quartier ou d’un plan d’affectation. Cet engagement peut prendre la forme de consultations publiques, d’ateliers collaboratifs ou de plateformes numériques, en s’affranchissant des concertations alibis qui sont trop souvent perçues comme des passages obligés sans réelles marges de manœuvres pour les citoyens.
- Développer de nouveaux modes de collaboration
Il est essentiel d’explorer et de développer de nouvelles formes de collaboration entre autorités locales, urbanistes, développeurs immobiliers et citoyens. Il faut démanteler les cloisons entre «expert» et «profane» en revalorisant les connaissances, les rôles et les contributions de tous les acteurs impliqués. Cette coopération renouvelée encouragera une compréhension partagée et favorisera l’acceptation des projets. La concertation doit se réinventer une réelle crédibilité.
Surmonter le scepticisme de la population face aux nouveaux projets urbains requiert une démarche stratégique réellement participative et respectueuse en ne se limitant pas à l’aménagement des espaces publics, de la taille des arbres à planter ou de la surface des parkings. En misant sur une communication anticipée et responsable, en installant une réelle participation citoyenne, les porteurs de projets pourront éviter les rejets, les oppositions, les recours et les référendums qui naissent souvent d’une mauvaise anticipation et d’une écoute passive du public au détriment de l’adhésion. La densification doit être abordée avec une approche plus communautaire et plus inclusive pour ouvrir la voie à un développement urbain mieux compris, plus durable, plus vertueux et indispensables à nos enfants, à notre économie et à notre territoire.
Alex Segovia, Associé